Union Départementale CGT d\'Eure & Loir

L'UNSA redessine son autonomie pour mieux peser dans le débat public Le Monde du 4 avril 2015

L'UNSA redessine son autonomie pour mieux peser dans le débat public


Luc Bérille, réélu jeudi secrétaire général de l'union syndicale, veut convaincre que celle-ci
n'est ni l'annexe du PS ni une filiale de la CFDT

Comment défendre vaille que vaille
son autonomie, sans déraper dans le
corporatisme, et faire prévaloir
l'intérêt général des salariés dans ses
revendications ? C'est le défi qu'a relevé
avec succès Luc Bérille, 57 ans,
réélu secrétaire général de l'Union
nationale des syndicats autonomes
(UNSA), à l'issue du congrès national
qui s'est achevé, jeudi 2 avril, à
Montpellier.
Les 1 200 délégués ont approuvé à la
quasi-unanimité (99,19 % des voix)
une résolution, intitulée « le syndicalisme
en positif », qui définit un cahier
de revendications interprofessionnelles
– une première depuis
2007 – pour les quatre ans à venir. "
Il ne faut pas faire passer l'intérêt de
l'UNSA avant l'intérêt des salariés ", a
affirmé M. Bérille.
Créditée de 4,26 % aux élections
dans le secteur privé, lors de la dernière
mesure de représentativité en
2013, l'UNSA a l'ambition de franchir
le seuil de 8 % pour devenir représentative
et s'asseoir à la table des
négociations interprofessionnelles.
Depuis cette date, elle s'est implantée
dans plus de 750 entreprises privées.
Mais M. Bérille ne nourrit pas
d'illusions exagérées et pense que
« la marche est encore un peu
haute »pour obtenir sa représentativité
lors de la prochaine mesure électorale,
en 2017.
En attendant, il entend redessiner
l'autonomie, à laquelle ses syndicats
sont très attachés, pour peser davantage
dans le débat public. Afin d'y
parvenir, il veut faire la démonstration
que l'UNSA n'est ni une annexe
du Parti socialiste ni une filiale de la
CFDT.
Née en 1993 après l'éclatement de la
Fédération de l'éducation nationale,
dont la direction avait agi pendant
quarante-cinq ans en osmose avec le
PS, l'UNSA a conservé la même proximité.
M. Bérille est encarté au PS. Au
sein du secrétariat national de douze
membres, Emilie Trigo est la suppléante
de Razzy Hammadi, député
(PS) de Seine-Saint-Denis. Et Jean
Grosset, venu de FO et jusqu'alors
numéro deux de l'UNSA, est devenu,
avant le congrès, conseiller social de
Jean-Christophe Cambadélis, premier
secrétaire du PS.
M. Bérille a donc voulu afficher son
indépendance. Sans jamais critiquer
François Hollande et Manuel Valls, il
a pris pour cible Emmanuel Macron,
le ministre de l'économie, lui reprochant
d'avoir élaboré sa loi sans
concertation préalable et dénonçant
les mesures concernant les procédures
de licenciement et le travail de
nuit. " La brillance technocratique,
même associée à une énorme force de
travail,ne suffit pas toujours pour devenir
un politique ", a-t-il lancé.
Dans le débat général, où les critiques
parmi les 54 intervenants ont
été peu nombreuses, un délégué de
l'agriculture a reproché à M. Bérille
de se comporter différemment selon
que la droite ou la gauche est au pouvoir,
en prenant l'exemple de la réforme
des retraites, combattue sous
Nicolas Sarkozy et cautionnée sous
François Hollande.
" Je rejette complètement cette analyse,
a répliqué M. Bérille, piqué au vif,
parce qu'elle est un peu simpliste et
parce qu'elle ne correspond pas à la
réalité. (…) Ce sont nos mandats syndicaux
qui ont fait notre comportement
et notre jugement, pas l'étiquette politique
du ministre. " La résolution réaffirme
que l'UNSA « définit ses propositions
en toute liberté, sans être l'objet
de consignes extérieures ».
« Travail commun »
D'autres critiques touchent aux relations
avec la CFDT. L'UNSA, qui a
pour objectif « le rassemblement du
syndicalisme réformiste », est souvent
dans la roue de la CFDT. Comme elle,
elle a approuvé la loi sur l'emploi de
2013 et le pacte de responsabilité.
Comme elle, elle qualifie la politique
du gouvernement de « rigueur », et
non d'« austérité ». Au sein de la
Confédération européenne des syndicats
(CES), la très européenne UNSA
agit au diapason de la CFDT.
Des délégués craignent que ce « travail
commun nuise au développement
de l'UNSA ». Foutaises, a répondu M.
Bérille, jugeant l'idée d'une fusion
avec la CFDT « gratinée ». Au passage,
il a épinglé la tradition « centralisatrice
» de son alliée. Et pour chasser
l'image d'un « réformisme bêlant », il
a insisté sur le « rapport de forces ».
Il ne reste plus pour le Petit Poucet
syndical qu'à passer à l'acte.



08/04/2015
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